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Les dragons ont-ils un fondement historique ?

Les dragons rôdent dans notre imaginaire collectif depuis des millénaires, sûrement même plus. Ce sont des créatures ailées de grande taille qui possèdent une longue queue ainsi que quatre pattes équipées de griffes acérées. Leur gueule est garnie de dents et peut cracher du feu. En Europe, le dragon est représenté comme un animal massif aux dimensions variables, allant de la taille d'un veau à celle d'une maison. En Asie par contre, le dragon est très élancé et possède un corps allongé. Autre particularité : les dragons asiatiques n'ont pas d'ailes. Malgré ces différences, la présence des dragons dans les légendes et les mythes de différentes cultures à travers le monde a de quoi intriguer et soulève une question : ces êtres fabuleux ont-ils une origine historique ?
La découverte des premiers dragons
Les premières mentions de créatures draconiques remontent à environ 5 000 ans avant notre ère, notamment en Mésopotamie avec le dragon Asag. Représenté avec les membres postérieurs d'un rapace et les membres antérieurs d'un lion, c'est un être hybride cornu à tête de mort qui apparaît dans la mythologie sumérienne où il est vaincu par le dieu Ninurta pour restaurer l'ordre cosmique. 2 500 ans plus tard, l'une des 8 gigantesques portes de la ville de Babylone, ancienne cité flamboyante de la Mésopotamie, est décorée de plusieurs animaux dont plusieurs dragons appelés "sirrush" ou "mušhuššu". Il s'agit de la porte d'Ištar-sakipat-tebiša, plus connue sous le nom de "porte d'Ishtar".
En Chine, une représentation de dragon asiatique datant de 4 000 ans avant J.-C. a été découverte dans les années 1980 dans une tombe à Xishuipo, dans la province de Henan. Le dragon est fait de coquillages et se dessinait distinctement sur le fond de la sépulture. D'autres découvertes antérieures à ce dragon, datant cette fois-ci du néolithique chinois (à partir de 9 700 ans avant J.-C.), laissent cependant supposer que son mythe est sûrement plus vieux que cela. Il s'agit de sculptures en jade dont l'expression est toutefois plus primitive. L'animal fabuleux n'avait pas encore sa forme élancée et tenait tantôt du cochon, tantôt du serpent : ce sont ce que l'on appelle des proto-dragons ("proto" signifiant "premier" en grec).
Les proto-dragons
On retrouve les proto-dragons dans les travaux de l'historien et spécialiste des mythes Julien d'Huy. Ce chercheur a mis les sciences statistiques au service de la recherche mythologique et, en étudiant différentes légendes draconiques dans plusieurs cultures sur tous les continents, il est parvenu à déterminer qu'à l'origine, les dragons étaient loin d'avoir la forme qu'on leur connaît aujourd'hui. Les proto-dragons étaient tout simplement des créatures ophidiennes (qui ont l'aspect du serpent) capables de voler, qui possédaient des cornes et étaient recouvertes de poils ainsi que d'écailles, et dont le pouvoir était lié à l'eau.
Mieux, en utilisant des outils empruntés à la biologie évolutive, le chercheur a également réussi à retracer la provenance des proto-dragons dont les origines se trouveraient en Afrique. De là, le mythe aurait suivi les grands exodes humains pour peupler la planète (l'Afrique, pour rappel, est considérée comme le berceau de l'humanité) pour aller en Asie du Sud-Est, puis en Australie avant d'arriver sur le continent américain et, enfin, européen. En cours de route, le dragon a épousé les croyances qui se sont développées dans chaque région du globe jusqu'à ce que son mythe finisse par être façonné par les légendes de chaque peuple.
Les travaux du chercheur Julien d'Huy placent les origines du dragon à l'ére du paléolithique, la première période de la Préhistoire qui a commencé il y a 2,6 millions d'années et s'est achevée 10 000 ans avant J.-C. Et effectivement, on connaît aujourd'hui plusieurs dessins rupestres qui décrivent de grands animaux ophidiens ailés sur les parois de plusieurs grottes.
Autres hypothèses sur les origines du mythe des dragons
Certains chercheurs, pour expliquer les origines du mythe des dragons, avancent des théories moins complexes que celle de Julien d'Huy : ce seraient des fossiles de dinosaures mis à nu qui auraient pu donner naissance au mythe. C'est le cas, par exemple, de l'historienne Adrienne Mayor qui pense que des restes d'animaux et de flore préhistoriques auraient pu inspirer non seulement des récits de dragons, mais également de griffons et autres licornes.
L'anthropologue David E. Jones, quant à lui, suggère que les légendes sur les dragons ont toutes été inspirées par la peur instinctive que possédaient nos ancêtres pour les serpents et les grands prédateurs de leur temps. Comme Julien d'Huy, il note que les premières représentations de dragons ressemblent souvent à de gigantesques serpents. Il va cependant plus loin en faisant observer que les dragons étaient souvent des créatures hybrides mélangeant les plus grands prédateurs, à savoir les serpents, les félins et les rapaces. C'est là, selon lui, la preuve que ces reptiles mythologiques seraient le reflet d'une peur ancestrale profondément ancrée dans toute l'Humanité.
Dans tous les cas, nous ne saurons sans doute jamais exactement d'où nous vient le mythe des dragons. Ce qui est sûr, en revanche, c'est que celui-ci n'a aucun fondement historique. En tout cas, jusqu'ici, personne n'a encore réussi à prouver que les dragons ont, un jour, bel et bien existé.
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