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Pourquoi l'opéra est si ennuyeux pour certaines personnes ?

L’opéra, né en Italie vers la fin du XVIe siècle, est un art mêlant musique, chant, théâtre et parfois même danse, dans un format où des costumes richement ornés côtoient des décors fabuleux. Un tel mélange des genres devrait séduire par sa richesse et pourtant, pour une large partie du public d’aujourd’hui, il évoque davantage l’ennui que la passion.
Un problème de langue
Le premier obstacle empêchant d’apprécier l’opéra comme il se doit est linguistique. De nombreux opéras sont chantés dans la langue de leurs auteurs, à savoir en italien, en allemand ou en russe, empêchant toute personne non polyglotte de saisir la moindre intrigue. Et même si des sous-titres sur un écran pourraient facilement aujourd’hui en expliquer la teneur, le spectateur néophyte, lui, reste souvent désorienté face à une histoire dont il n’arrive pas à appréhender les enjeux.
Un jeu très codifié et un rythme particulier
Usuellement, en effet, l’opéra repose sur des intrigues du XVIIIe ou du XIXe siècle. Amours contrariées, rivalités nobles, dieux mythologiques : les enjeux narratifs sont déconnectés de la réalité contemporaine et demandent une certaine plasticité intellectuelle pour être appréciés à leur juste valeur. En outre, le jeu des chanteurs, très codifié, est souvent rigide et caricatural pour les spectateurs, à mille lieues du réalisme auquel ils sont habitués au cinéma ou au théâtre contemporain.
Autre complication : le style vocal particulier utilisé, que l’on appelle ”chant lyrique”. Peu propice aux émotions, il ne facilite pas la lecture des scènes ainsi que celle des affects qui jalonnent l’histoire. Résultat, là où un film transmet une tension dramatique en quelques secondes, un opéra peut consacrer dix minutes à poser une seule ambiance. Ce rythme décalé est l’une des principales sources de l’ennui ressenti à l’opéra.
Une longueur rébarbative
Ultime difficulté : la durée des œuvres. Un opéra peut facilement dépasser les trois heures, avec des entractes parfois plus longs qu’un épisode de série télé. Or, c’est un impondérable, il est quasiment certain que l’histoire contient des longueurs, comme de longs monologues durant lesquels un protagoniste explique ses motivations, par exemple (en italien, en allemand, ou en russe, qui plus est). Dans ces cas-là, s’ennuyer devient normal, même pour le plus zélé des amateurs.
Devant une série ou un film, il aurait été possible de s’emparer de la télécommande pour accélérer le déroulement, sauf que, sagement engoncé dans son fauteuil, le spectateur, lui, n’a d’autre choix que d’attendre que quelque chose se passe enfin. À l’heure du zapping et de la vidéo à la demande, la temporalité qu'offre l’opéra semble ainsi appartenir à un tout autre âge.
Enfin, l’opéra souffre d’une image élitiste et hermétique, renforcée par des prix de billets élevés ainsi qu’un code vestimentaire strict. D’emblée, sans même en faire l’expérience, nous convainquons notre cerveau que nous n’allons pas aimer l’expérience et que nous allons surement nous y ennuyer. Et une fois qu’il est convaincu de cela, il sera difficile de le faire changer d’avis !
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