Arrête-t-on de faire des cauchemars une fois adulte ?

Le cerveau d’un enfant est en construction, grandissant à mesure qu’il découvre le monde. Dans ce processus, les zones gérant les émotions, la peur ou encore l’épreuve de réalité (la compréhension du réel) sont fortement sollicitées. Si l’on associe cela à l’imagination très active des enfants, à leur capacité encore limitée à distinguer l’imaginaire de la réalité, ainsi qu’aux diverses et nombreuses phases d’apprentissage parfois anxiogènes qu’ils doivent entreprendre, on comprend mieux pourquoi les cauchemars sont fréquents pendant l’enfance.
Beaucoup espèrent naturellement qu’en grandissant, ces rêves effrayants disparaissent. Hélas, si effectivement leur fréquence diminue, ou encore que leur teneur change, les cauchemars ne s’en vont jamais vraiment. Les adultes sont ainsi 85 % à révéler faire au moins un cauchemar dans l’année. Parmi eux, entre 2 à 6 % disent souffrir de cauchemars fréquents, des mauvais rêves qui reviennent plusieurs fois par semaine.
Plusieurs choses peuvent expliquer cette persistance malgré le fait qu’un cerveau d’adulte soit mieux fini que celui d’un enfant. La première cause de cauchemar chez l’adulte est le stress et l’anxiété. Ces derniers activent intensément les circuits cérébraux impliqués dans la peur, notamment l’amygdale. Lorsque ces émotions restent élevées au moment de l’endormissement, elles perturbent le sommeil paradoxal, la phase où surviennent les rêves. Le cerveau se met alors à traiter de façon plus vive les préoccupations, conflits ou tensions rencontrés durant la journée, ce qui produit des rêves au scénario négatif, confus ou menaçant. C’est comme si l’esprit, n’arrivant plus à gérer correctement les émotions négatives qui se sont accumulées durant la période diurne, utilisait les rêves comme soupape de sécurité.
Les traumatismes résultant d’événements violents, effrayants, ou tout simplement éprouvants peuvent également être à l’origine des cauchemars des adultes. Il en est de même pour les troubles du sommeil, ou encore les affections touchant la santé mentale (dépression, troubles bipolaires, etc).
La bonne nouvelle, néanmoins, c’est qu’une fois adulte, nous arrivons à relativiser les choses. L'obscurité devient moins effrayante par exemple, même si une faible partie de la population adulte n’arrivera jamais à se débarrasser de sa peur du noir. Il en est de même des monstres ainsi que des autres affabulations qu’une imagination d’enfant ne manquera pas d’inventer, mais qu’une logique d’adulte ne pourra que démasquer.
À noter, enfin, que faire un cauchemar de temps à autre n’est pas alarmant, au contraire. En revanche, dès lors que ces mauvais rêves perturbent le sommeil, provoquent anxiété et fatigue, ou encore nuisent à la qualité de vie, cela justifie l’intervention d’un spécialiste du sommeil pour retrouver une vie équilibrée.











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