Les émotions sont-elles les mêmes pour tout le monde ?

Comme nous, êtres humains, sommes physiquement construits de la même manière, il semble naturel de penser que nous devrions également ressentir les mêmes émotions, et ce, peu importe d’où nous venons. Dans l’absolu, c’est vrai : les émotions sont effectivement les mêmes pour tout le monde. Cette observation est cependant à modérer à travers le spectre de la subjectivité.

Six émotions primaires

Dans les années 1970, le psychologue américain Paul Ekman a popularisé l’idée des 6 émotions fondamentales, des émotions que le chercheur a qualifiées de “primaires” : la joie, la tristesse, la colère, la peur, la surprise et le dégoût. Ses travaux l’ont conduit à conclure que ces 6 émotions pouvaient être reconnues via des expressions faciales et qu’elles étaient présentes auprès de tous les peuples du monde, même ceux n’ayant eu que peu de contact avec la civilisation occidentale. Cela suppose que ces émotions sont universelles et indépendantes de tout contexte culturel.

Des sensations communes

Cette notion d’émotions primaires est notamment consolidée par une étude de 2020 dénommée “Bodily maps of emotions are culturally universal” (“Les cartes corporelles des émotions sont culturellement universelles” en français). Menée dans 101 pays différents et ayant vu la participation de 3 954 personnes âgées de 18 à 90 ans, elle a montré que les humains, quelle que soit leur culture, associent globalement les mêmes sensations physiques aux émotions de base : des nœuds dans le ventre pour la peur, les bras et les jambes engourdies pour la tristesse, ou encore une tension dans les bras et les mains pour la colère.

Des interprétations différentes

Cette universalité dans le ressenti ne signifie toutefois pas universalité dans sa compréhension. Des études ont par exemple montré que certaines populations ne savent pas identifier les émotions exprimées selon les standards occidentaux. C’est le cas des Himba de Namibie ou encore des Mapuches du Chili pour qui le décryptage des expressions faciales ont donné lieu à des interprétations très différentes de ce que l’on attendait ou, au mieux, à des réponses ambigües. Cela montre que si, dans l’absolu, nous pouvons bel et bien ressentir les mêmes choses, nous ne le montrons pas de la même manière. Une subtilité qui est le résultat de nombreuses variables comme notre culture, nos vécus personnels, notre genre, notre éducation, et même notre activité cérébrale.

Soulignons enfin que tous les gens ne sont pas égaux face aux émotions : certaines personnes en ressentent peu, tandis que d'autres comme les hypersensibles sont la proie d'émotions fortes et fréquentes.