La mandragore existe-t-elle vraiment ?

La mandragore est un élément récurrent des œuvres de fiction où il est question de magie et dans lesquels elle tient lieu d'ingrédient magique. On y fait, par exemple, plusieurs fois référence dans les films Harry Potter où son cri, lorsqu'elle est arrachée de terre, est si effroyable qu'il peut faire s'évanouir un homme ou même le tuer. Les animés japonais ainsi que les jeux vidéo l'évoquent également volontiers quand le thème s'y prête.

À force de la voir ainsi mentionnée dans les œuvres fictionnelles toutefois, on est très facilement tenté de penser que la mandragore n'est pas une vraie plante, surtout au vu de sa description de racine humanoïde (à la forme d'homme). Et pourtant, cette plante herbacée vivace appartenant à la famille des solanacées est bel et bien réelle.

Originaire du pourtour méditerranéen, son nom scientifique est Mandragora officinarum et on l'appelle aussi "mandragore officinale". Elle se caractérise par des feuilles larges, des fleurs violettes et surtout par une racine épaisse souvent bifurquée, c'est-à-dire qui présente plusieurs embranchements partant d'une racine centrale. Cette particularité fait que, très souvent, la racine de la mandragore évoque une silhouette humaine avec bras, jambes, et, parfois même, organes reproducteurs mâle ou femelle. Cette originalité a nourri de nombreuses légendes et superstitions à travers les âges et justifié l'utilisation de la mandragore dans divers rituels durant l'Antiquité et le Moyen Âge.

Coïncidence, la plante est aussi gorgée d'alcaloïdes, des substances toxiques ayant plusieurs effets : hallucinogène, sédatif et narcotique (provoque l'apaisement et la relaxation jusqu'à l'endormissement), anti-inflammatoire, et même antispasmodique (calme les spasmes musculaires). Chez la mandragore, ces substances traversent très aisément la peau pour atteindre la circulation sanguine, ce qui fait qu'elles agissent très rapidement.

Tout cela ne fait que renforcer son aura magique et on disait que les sorcières s'enduisaient volontiers le corps d'un onguent à base de mandragore avant d'enfourcher leur balai pour s'envoler. Les Grecs, quant à eux, ont remarqué les effets médicinaux du végétal et l'ont utilisé en médecine assez tôt. Dès le 5e siècle avant J.-C ainsi, Hippocrate, père de la médecine, conseillait de prendre une faible dose de racine de mandragore mélangée à un breuvage pour lutter contre la dépression. Aujourd'hui, la mandragore est devenue une plante rare, davantage étudiée qu'utilisée.