Merci de désactiver votre bloqueur de pub

Notre site est entièrement gratuit grâce à la publicité.
Celle-ci nous permet de vous offrir un contenu de qualité.
Merci de nous soutenir en désactivant votre bloqueur.

Faut-il avoir peur des astéroïdes géocroiseurs ?

Des astéroïdes de notre système solaire percutent de temps à autre notre planète. Ces objets sont répertoriés et classés suivant leurs caractéristiques et des moyens de défense sont à l'étude. Mais entre les scénarios du cinéma et la réalité, il y a un monde…

Le danger peut-il venir de l'espace ? Des milliers d'astéroïdes de toutes tailles sont en orbite autour du Soleil. Certains d'entre eux, les géocroiseurs, sont susceptibles d'entrer en collision avec notre planète et les médias aiment en faire leurs choux gras. Ils sont étudiés par des organismes spécialisés et des moyens de s'en prémunir sont également à l'étude. Mais la crainte qu'inspirent ces objets est-elle vraiment rationnelle ?

Qu'est-ce qu'un astéroïde géocroiseur ?

La racine géo vient du grec et signifie "la Terre". Un astéroïde géocroiseur est donc un astéroïde dont l'orbite croise celle de la Terre. Ou du moins qui s'en approche de très près. Suffisamment près pour qu'on s'inquiète du risque de collision. Début 2020, l'un d'entre eux a même été capturé par le champ gravitationnel de la Terre et est devenu pendant quelques semaines le deuxième satellite naturel de notre planète.

Ces objets ont pour la plupart une orbite elliptique très excentrée autour du soleil qui atteint la ceinture principale d'astéroïdes, entre Mars et Jupiter. Un faisceau d'éléments indique que c'est d'ailleurs de cette ceinture qu'ils ont été éjectés.

Mais ces astéroïdes ont tout de même un intérêt, en tout cas pour la science : comme ils s'approchent régulièrement de la Terre, il est relativement facile d'y envoyer une sonde pour les explorer et même d'y faire des prélèvements en vue d'analyser leur composition et ainsi augmenter notre connaissance du système solaire.

Les quatre familles de géocroiseurs

L'orbite d'un corps autour d'un autre n'est en général pas circulaire mais elliptique, y compris celle de la Terre et des astéroïdes autour du Soleil. Pour cette raison, les géocroiseurs sont classés en quatre familles. Les noms de ces familles proviennent tout simplement du premier astéroïde inscrit dans chacune d'elle.

Les Atons (1735 objets)
Ces astéroïdes passent le plus clair de leur temps entre la Terre et le Soleil. Cependant, en raison de la forme elliptique de leur orbite, leur trajectoire croise parfois celle de la Terre.

Les Apollons (12718 objets)
A l'inverse des Atons, les Apollons sont la plupart du temps plus loin du Soleil que la Terre, mais l'excentricité de leur orbite les fait passer à certains moments entre la Terre et le Soleil.

Les Amors (8474 objets)
Les Amors sont situés au-delà de l'orbite terrestre. Ils ne traversent pas l'orbite terrestre mais s'en approchent à moins de 45 millions de kilomètre. L'excentricité de leur orbite les emmène au-delà de Mars. On les qualifie parfois de géofrôleurs.

Les Atiras (22 objets)
Cette catégorie rassemble les objets dont l'orbite est entièrement comprise entre l'orbite de la Terre et le Soleil. Il faut cependant noter que ces astéroïdes étant, sur la voûte céleste, toujours à proximité du Soleil, il est très difficile de les détecter et de les observer. Ce biais observationnel fait que c'est de loin la catégorie la moins bien fournie.



Les risques de collision avec la Terre

Parmi les objets des quatre familles, tous ne sont pas considérés comme dangereux. Soit parce qu'ils ne s'approchent jamais suffisamment de la Terre, soit parce qu'ils sont trop petits pour présenter un danger important en cas de collision.

Il n'est pas toujours facile de savoir si les objets étudiés font partie des PHA (Potentially Hazardeous Asteroids, soit "astéroïdes potentiellement dangereux"). Leur faible taille et leur distance font qu'ils sont difficiles à observer. Leurs paramètres orbitaux ne sont donc pas calculés avec une très grande précision et il arrive fréquemment que ceux-ci fassent l'objet d'une révision.

Quant à leur dimension, il n'est pas possible de faire une mesure directe de la taille d'objets si petits et si éloignés. Elle est donc estimée sur la base de leur magnitude, autrement dit la luminosité de l'objet dans le ciel.

Les critères que doit remplir un astéroïde pour faire partie du club très fermé des PHA sont les suivants :
• Mesurer plus de 140 mètres de diamètre ;
• S'approcher à moins de 7,5 millions de kilomètres de l'orbite de la Terre.

Compte tenu de l'imprécision des mesures, il arrive régulièrement qu'un objet entre ou sorte de la liste des objets dangereux, ou même change de famille. Il y a 2071 objets répertoriés dans cette catégorie.

Il existe des données historiques et géologiques concernant les chutes d'objets célestes sur notre planète, desquelles il est possible de déduire les risques. La Planetary Society donne les estimations moyennes suivantes suivant la taille des objets :
• Plus de 3 mètres : une fois par an, visible dans l'air mais se consume dans l'atmosphère ;
• Plus de 30 mètres : une fois par siècle, dévastateur sur une zone densément habitée. La météorite tombée à Toungouska, en Sibérie, en 1908, en est un exemple. Son effet a été équivalent à environ 1000 bombes nucléaires d'Hiroshima ;
• Plus de 140 mètres : tous les 10.000 ans environ, plus dévastateur que toutes les autres catastrophes naturelles connues ;
• Plus d'1 km : tous les 50 millions d'années environ. Conséquences sur l'ensemble de la planète, et possible effondrement de la civilisation. C'est à la chute d'une telle météorite à Chicxulub, au Mexique, qu'on attribue la disparition des dinosaures il y a 65 millions d'années. En France, un tel impact a eu lieu dans le Limousin il y a 200 millions d'années.

Ces valeurs sont à prendre avant tout comme des ordres de grandeurs car il existe plusieurs méthodes de calcul (cratères encore visibles, bouleversements géologiques, étude des astéroïdes connus…) qui peuvent donner des résultats différents.

Que faire contre les objets dangereux ?

Que faire dans l'hypothèse où un astéroïde dangereux se présente ? Hollywood a trouvé la solution : lancer une bombe nucléaire sur l'objet. Mais la réalité est moins sexy, notamment parce qu'une explosion nucléaire sur un astéroïde présente des effets plus ou moins aléatoires. Une bombe nucléaire pourrait détruire de petits astéroïdes mais ceux-ci ne présentent pas un danger suffisamment grand pour qu'on y prête réellement attention. Les gros astéroïdes pourraient être cassés en plusieurs morceaux de grandes dimensions au lieu d'être pulvérisés, ce qui augmenterait le désastre avec une myriade de collisions. Cette solution n'a que peu de supporters parmi les spécialistes.

D'autres solutions plus "douces" sont à l'étude afin de dévier l'astéroïde de sa trajectoire. Par exemple, il est possible d'envoyer un vaisseau pousser l'astéroïde. Ou encore de le satelliser autour de l'objet. Ou encore de tirer avec des lasers sur l'objet, ce qui se traduirait par une éjection de matière et donc une modification de la trajectoire. Compte tenu des distances, une très faible impulsion peut être suffisante pour que l'objet passe à des millions de kilomètres de la Terre.

Mais tout repose sur un présupposé : détecter la menace avec suffisamment d'avance pour permettre la mise en œuvre de ces solutions. Fort heureusement, plus l'objet est gros, plus il a de chances d'être déjà connu et on estime que 40% des objets dangereux sont déjà connus.

La NASA a d'ailleurs commencé à mettre en place des observatoires. A l'heure actuelle, il s'agit du télescope spatial Neowise. Celui-ci était à l'origine dédié à l'observation des étoiles. Une fois ses détecteurs infrarouges hors d'usage, il a été reconverti dans la chasse aux astéroïdes. Néanmoins, depuis 2017, la NASA étudie un nouveau télescope appelé Neocom et qui devrait être appelé à remplacer Neowise , sur le point de terminer sa carrière.

Les astéroïdes les plus dangereux n'appartiennent cependant à aucune de ces catégories. Ce sont ceux qui proviennent de l'extérieur du système solaire car ceux-ci non seulement ne peuvent être détectés qu'au dernier moment mais en plus ils se déplacent beaucoup plus vite sans quoi ils deviendraient eux-mêmes des satellites du Soleil.

En tout état de cause, et même si le risque existe, il faut savoir interpréter les titres des journaux. Quand on lit qu'un astéroïde va frôler la Terre, il faut en général comprendre qu'un caillou de quelques dizaines de mètres de diamètre va passer à plusieurs millions de kilomètres de nous. Inutile donc de paniquer !

Publié le 08 août 2020

Cherchez une réponse :


Vous n'avez pas trouvé de réponse ?

Posez votre question