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Ces expressions qui ont envahi notre langue

Les tics de langage et les expressions du quotidien font désormais partie intégrante de nos outils langagiers. Nous les utilisons tous, parfois sans même le savoir. Pourtant, la plupart sont incorrects et feraient blanchir les cheveux des professeurs de littérature les plus guindés… Mais ce serait ignorer les mécanismes de construction d’une langue.
Temps de lecture : 2 min

On ne s’en rend (presque) jamais compte, mais plusieurs expressions peu gracieuses s’infiltrent peu à peu dans nos conversations. Si quelqu’un vous dit : "du coup, mon pote, il est parti en mode repos aux Pays-Bas", n’hésitez pas à lui faire remarquer qu’il a commis, sans le savoir, plusieurs fautes (indice : il y en a trois). En effet, de nombreux tics de langage gouvernent désormais notre parole. Mais d’où viennent-ils, quelle est leur origine ? Que veulent-ils vraiment dire ?

Du coup, on fait des erreurs

L’expression "du coup" est notamment une bien belle faute. Apparue aux 19è siècle, elle a même été utilisée par de grands auteurs de la littérature française en remplacement de l’expression "par conséquent". Néanmoins, les "du coup" sont désormais devenus un outrage langagier s’apparentant à un "donc" ou même, tout simplement, à un simple mot-vide permettant de reprendre sa respiration ou de réfléchir. Détesté par les littéraires, ce tic de langage n’a pas réussi à imposer un sens unique, devenant ainsi un grand fourre-tout à bannir de nos conversations.

Faut-il vraiment se mettre en mode Académie française ?

"En mode" est une aide langagière bien pratique, dont l’usage a un peu plus de dix ans. Il semble que l’expression ait été popularisée par le rappeur Rohff, à travers sa chanson En mode, sortie en 2006. Son utilisation permet un grossier appauvrissement du vocabulaire, puisque le célèbre artiste d’origine comorienne se sert de cette béquille afin de remplacer des adjectifs. Ainsi, "En mode victoire" facilite la recherche du sens et empêche de se creuser les méninges pour trouver une figure de style pouvant sublimer un simple "Je suis victorieux". Pourtant, Rohff n’a pas tout inventé. Le langage technique propre à l’informatique utilisait déjà l’expression "en mode" (notamment, par exemple, pour démarrer son ordinateur en mode sans échec). Il ne reste qu’à savoir si ce sont bien les péripéties technologiques du rappeur de Vitry-sur-Seine qui ont influencé son travail de parolier.

Le langage, il évolue

Ces expressions et formules citées ci-dessus, bien qu’incorrectes, sont pourtant profondément ancrées dans notre langue. Elles semblent néanmoins être encore trop douteuses pour passer à l’écrit, mais cela ne saurait tarder. En effet, le premier domaine touché par l’évolution d’une langue est celui de la conversation, c'est-à-dire l’oral. C’est lors d’une discussion que, par exemple, on peut remarquer ou se faire surprendre par la dislocation à gauche. Cette figure de style, qui se catégorise elle-même comme un tic de langage, consiste à rajouter un pronom doublant le sujet, comme par exemple dans la phrase : "Ce type, il ne sait pas bien parler". Certes, c’est relativement laid à l’écrit, mais cela peut sembler très fluide à l’oral.

Les tics de langage ne sont donc que les marques de l’évolution perpétuelle de la langue française. Cela ne signifie pas qu’il faut les laisser s’étendre dans notre vie quotidienne, car il appartient à tous les locuteurs du français de décider quelles seront leurs conversations de demain. Certaines de nos expressions actuelles les plus communes ont été combattues, dans le passé, par d’austères réfractaires – la langue française s’est-elle effondrée pour autant ? Les tics de langage d’aujourd’hui sont peut-être le français de demain.

Publié par Thibaud, le 10 septembre 2018