- Accueil
- Ça fait le buzz
- À Montréal, interdiction de sentir mauvais dans les bibliothèques
À Montréal, interdiction de sentir mauvais dans les bibliothèques
Parce que les bibliothèques sont le plus souvent des lieux où on aime lire en toute tranquillité, ce sont des havres de paix que tout un chacun se doit de respecter. Il est donc de coutume qu'on y interdise de boire, de manger, ou encore de fumer. Bien sûr, les usagers sont également invités à ne pas hausser la voix, à ne pas jouer avec leurs chaises, bref, à faire le moins de bruit possible. Tout ça, on y est habitué, mais à Montréal, au Canada, on est allé un peu plus loin dans la protection du confort des lecteurs en protégeant jusqu'à leurs nez !
Ainsi, depuis le 1er janvier 2024, pour pouvoir fréquenter les bibliothèques municipales montréalaises, il est devenu obligatoire d'afficher une hygiène corporelle correcte et même d'avoir une tenue vestimentaire convenable. Toute personne faisant l'objet de plainte à ces sujets sera immédiatement invitée à quitter les lieux et pourra même écoper d'une amende plus que dissuasive : entre 350 et 1 000 dollars canadiens, soit, approximativement, entre 237 et 677 euros.
La clause est étonnante, amusante même, et pourtant, c'est une bien triste réalité qui se cache derrière. Si sur le papier, ce règlement dit vouloir avant tout préserver le bien-être des usagers, en pratique, elle impacte surtout les sans-abris qui fréquentent de plus en plus les bibliothèques publiques. Depuis la crise du coronavirus en effet, ces dernières servent d'endroits où socialiser pour ces personnes démunies. Elles y trouvent, par ailleurs, sécurité et chaleur en hiver, mais aussi un accès internet pour maintenir un semblant de contact avec leurs proches ou chercher du travail.
La décision implicite d'exclure ce groupe déjà marginalisé des bibliothèques a donc soulevé une vague d'indignation, notamment des associations qui accusent la ville de Montréal de vouloir stigmatiser une population déjà fragile. Et c'est vrai, la situation inquiète, surtout qu'en cas de récidive, la personne en faute pourrait se voir interdire l'accès aux lieux pendant un mois tout en risquant une amende de 3 000 dollars canadien, soit tout de même 2 000 euros !
Malgré les critiques, la ville ne souhaite pas retirer son nouveau règlement. Elle assure déjà fournir les bons outils aux personnels concernés afin qu'ils puissent l'appliquer de manière « humaine, sensible et respectueuse ». Seul l'avenir pourra ainsi nous dire si les associations ont bien raison de s'inquiéter ou non.
Vos commentaires