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Il ne fait pas bon être gay à Brunei
Il était une fois un petit pays, dénommé Brunei, coincé entre la Malaisie et la mer de Chine, où régnait un sultan aimé de ses 430.000 habitants. Enfin presque tous. Parce que dans cet état islamique, la charia (ou loi divine) y interdit les relations homosexuelles (mais aussi l'adultère), au point de condamner à mort celles et ceux qui se rendraient coupables de tels agissements.
Non, vous ne rêvez pas, vous êtes bien au 21e siècle, et ce pays musulman d'Asie n'est pas imaginaire. Son dirigeant, Hassanal Bolkiah, sultan de Brunei et monarque absolu, a récemment défrayé la chronique après l'annonce du rétablissement de la peine capitale envers toute personne ayant des rapports amoureux avec une autre personne du même sexe. A l'heure où le mariage pour tous se répand dans les pays du monde, un tel positionnement ne pouvait que faire des vagues.
A tel point que des personnalités, telles que George Clooney ou Elton John, mais aussi de grandes entreprises ont appelé au boycott des hôtels que possède le sultan. Car le dirigeant de Brunei est également l'une des plus grosses fortunes mondiales (merci aux puits de pétrole), connu pour accumuler yachts, palaces et jets privés. Il aurait même plus de 5000 voitures de luxe (dont 360 Ferrari, on se demande bien pourquoi). Mais revenons aux hôtels. Le sultan est l'heureux propriétaire de 9 palaces à travers la planète, dont 2 à Paris (le Meurice et le Plaza Athénée). Ses détracteurs - qui voyagent souvent et descendent dans les plus beaux hôtels - ont donc décidé de taper au porte-monnaie en boycottant ces établissements : plus aucune réservation de suite appartenant au sultan, tant que ce dernier autorisera la lapidation des homos.
Alors un tel boycott peut-il vraiment avoir de l'effet ? Le premier impact attendu est médiatique. En citant ces prestigieuses adresses, on rappelle que le sultan de Brunei est riche comme Crésus et qu'il investit ses sous dans des entreprises établies sur des territoires où l'on traite bien mieux les gay que chez lui. Le deuxième but est de frapper là où ça fait mal : au portefeuille (même quand on est blindé). Une baisse drastique de la fréquentation de ces hôtels pourrait mettre à mal leur santé financière et donc impacter les revenus du sultan. Enfin, l'objectif ultime est évidemment de faire revenir le monarque sur sa décision et d'éviter les jets de pierre mortels sur les homosexuels qui n'ont rien demandé à personne.
Or le sultan vient de faire machine arrière. A la veille du Ramadan, le sultan a annoncé être "conscient qu'il y a beaucoup de questions et de malentendus à propos de la mise en place du nouveau Code pénal s'appuyant sur la charia". Il a également précisé qu'un moratoire (un délai) sera appliqué sur l'exécution de la peine capitale. En bref, l'idée de mettre à mort les homos est suspendue. Ce rétropédalage montre que l'homme a compris le malaise qu'il avait provoqué dans le monde entier, mais reste à savoir quelle sera la véritable issue de sa réflexion, même si le monarque a également promis qu’il ratifierait la convention de l’ONU contre la torture. Car pour l'instant, les homos de l'île de Bornéo risquent toujours 10 ans de prison.
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