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La France soudainement rétrécie par un petit plaisantin
L'histoire prête à sourire, mais elle est véridique. Elle se passe dans la commune belge d'Erquelinnes, une commune frontalière voisine de plusieurs villages français dont celui de Bousignies-sur-Roc à son nord-est. Entre ces communes, on trouve d'étranges pierres gravées qui ponctuent de leurs présences les bois alentour. Il s'agit de bornes frontières, des pierres servant de marques pour délimiter d'un côté la Belgique, et de l'autre, la France.
Les emplacements précis de chaque borne ne doivent évidemment rien au hasard, mais, au contraire, ont fait l'objet d'un traité sérieux entre les pays voisins. C'est le Traité de Courtrai, signé en 1820 entre la France et le Royaume des Pays-Bas qui possédait alors l'actuelle Belgique (l'indépendance de la Belgique ne viendra que 10 ans plus tard, en 1830).
Possédant ainsi une grande valeur historique, les bornes frontières séparant la France et la Belgique ont été répertoriées par des passionnés d'Histoire et soigneusement géolocalisées. Quelle ne fût alors pas la surprise de l'un d'entre eux lorsque, se promenant dans les bois d'Erquelinnes, il se rendit compte que l'une d'entre elles avait été déplacée de 2,29 mètres vers l'intérieur de la France. Une indélicatesse qui a comme conséquence d'augmenter la taille de la commune belge, mais aussi de rétrécir d'autant celle de Bousignies-sur-Roc. Plus grave encore, elle a donc aussi fait perdre de son territoire à la France !
Loin de s'en offusquer heureusement, les maires des deux communes ont préféré en rire. Celui d'Erquelinnes a ainsi déclaré être ravi que sa commune soit plus grande, celle de Bousignies-sur-Roc a, quant à elle, souligné qu'une nouvelle guerre des frontières devrait pouvoir être évitée.
Pour régler la situation, il a été demandé au fautif identifié, un vétérinaire retraité et nouveau propriétaire du terrain sur lequel était la borne, de remettre la pierre à sa place. La situation se complique cependant lorsque, contre toute attente, celui-ci nie catégoriquement les faits. Désormais, puisque personne, d'un pays ou de l'autre, ne peut décider de déplacer unilatéralement la borne, il faut obligatoirement invoquer une commission franco-belge pour le faire. L'affaire est donc maintenant remontée jusqu'aux ministères des Affaires étrangères française et belge.
Morale de l'histoire : si vous voyez une grosse pierre sur votre chemin de promenade, n'y touchez surtout pas !
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