Au Japon, on suit des cours pour réapprendre à sourire sans le masque

Bien avant la crise du Covid-19, qui a démocratisé le port du masque dans le monde entier, les Japonais le portaient déjà naturellement, pour se protéger contre des allergies puissantes dans l'archipel, pour masquer une dentition disgracieuse, ou pour prendre les transports sans avoir eu le temps de se maquiller. Une habitude, renforcée durant l'épidémie, dont ils ont bien du mal à se détacher, malgré les invitations à le faire de la part du gouvernement. Le masque anti-covid n'est plus obligatoire, mais certains Japonais ont du mal à le faire tomber, pour préserver la santé des plus anciens, très nombreux dans l'archipel, mais aussi parce qu'ils ont oublié... comment sourire !

Aussi étonnant que cela puisse paraître, des étudiants et des salariés ont recours à des cours de sourire, pour réapprendre à faire fonctionner des muscles faciaux peu utilisés avec le masque. Comme l'explique Keiko Kawano, la fondatrice de la société Egaoiku (ou "Aller vers le sourire"), les sollicitations pour des leçons de sourire ont quadruplé en 2023. Parmi les raisons principales qui motivent les participants, on trouve l'envie de faire meilleure impression lors d'un entretien d'embauche ou celle de paraître plus avenant dans les emplois de la vente.

Pour arriver aux résultats escomptés, les étudiants s'exercent, miroir à la main, en pratiquant des exercices visant à muscler leurs zygomatiques et à réaliser certains sourires le plus naturellement possible. La méthode de la société Egaoiku est brevetée et porte le nom de "Hollywood Style Smiling Technique" (Technique pour sourire façon Hollywood). Chaque sourire a une appellation et la qualité de chacun d'eux est évaluée à l'aide d'un logiciel de détection faciale, qui donne une note sur 100 aux apprenants. Au-delà de 80/100, votre sourire est considéré comme bon. Et en cas d'échec, il est toujours possible au Japon de pleurer en bonne compagnie…

Face à la demande croissante, il est même possible de devenir Professeur de sourire, moyennant 80 000 yens (soit 550 euros environ) et une formation de plusieurs semaines. C'est peut-être un métier d'avenir, pour construire une société peuplée de gens souriants qui semblent respirer le bonheur. Faut-il rappeler que le sourire offre de nombreux bénéfices ?