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La limule

Description physique
Surnommée "crabe fer à cheval" en raison de sa forme, la limule est, en dépit de cette appellation, un arthropode chélicéré et génétiquement plus proche des araignées et des scorpions que des crabes. En fait, on dirait un véritable fossile vivant. Sa morphologie a peu évolué au cours de ses 450 millions d'années d'existence.
Quatre espèces de limules sont répertoriées dans le monde : Limulus polyphemus (ou limule atlantique), Carcinoscorpius rotundicauda, Tachypleus gigas et Tachypleus tridentatus.
C'est un animal qui peut mesurer jusqu'à 70 centimètres, queue comprise, et peser 5 kilos. Son corps se constitue d'une tête et un thorax fusionnés, recouverts d'une carapace de couleur grise, brune ou noire. La limule possède 10 yeux. Son abdomen dispose de 6 paires d'épines. Elle se déplace à l'aide de ses 5 paires de pattes ambulatoires munies de pinces et situées sous le ventre autour de la bouche. Enfin, elle dispose également d'un aiguillon caudal.
La limule présente un dimorphisme sexuel, la femelle étant entre 20 et 30 % plus grande que le mâle.
Son lieu de vie
La limule vit dans des fonds d'eaux superficielles, entre 5 et 40 mètres de profondeur, c'est donc un animal côtier. Elle apprécie les fonds sablonneux ou vaseux. On la trouve le long des côtes Est d'Amérique du Nord et d'Amérique Centrale, ainsi que près des côtes d'Asie du Sud-Est et du Japon.
Son alimentation
Nocturne et carnivore, la limule est à la fois prédatrice et nécrophage. Elle se nourrit de crustacés, de vers, de mollusques, de petits poissons et de cadavres. Elle n'a pas de dents et se sert donc de la base de ses pattes antérieures pour broyer ses aliments.
Sa reproduction
La maturité sexuelle de la limule n'intervient qu'à un âge compris entre 9 et 11 ans pour les mâles et 10 et 12 ans pour les femelles.
L'accouplement et la ponte ont lieu exclusivement lors d'une nuit de pleine lune en début d'été. À marée haute, le couple de limules sort de l'eau et la femelle creuse un trou dans le sable, dans lequel elle pond plus de 80 000 œufs qui sont fécondés par le mâle. Celui-ci est équipé de pinces qui ne servent qu'à l'accouplement, il les utilise pour s'accrocher à sa partenaire. Les œufs sont ensuite recouverts de sable et les deux protagonistes retournent à la mer à l'aide de la marée descendante.
Les larves éclosent au bout de deux semaines, déjà pourvues de tous leurs segments. Elles profitent de la marée haute après leur naissance pour se laisser entraîner vers l'océan, comme l'ont fait leurs parents.
Son espérance de vie
Si elle survit aux diverses menaces qui pèsent sur elle, l'espérance de vie de la limule se situe entre 20 et 30 ans.
Signes particuliers
La limule est une survivante. Elle a en effet résisté aux ères glaciaires comme aux extinctions de masse. Elle figure parmi les 1 % à 10 % des espèces toujours vivantes depuis leur apparition sur Terre.
Elle possède une autre particularité de taille, il s'agit de la composition et la couleur de son sang : celui-ci est bleu. Ce qui est dû au fait que l'oxygène n'est pas véhiculé par de l'hémoglobine (dont la couleur, due au fer, est rouge), mais par de l'hémocyanine qui contient du cuivre et dont la couleur est d'un joli bleu.
Cette particularité sauve des vies humaines. L'espèce Limulus Polyphemus est en effet très précieuse pour la médecine. Car les propriétés de l'hémocyanine sont utilisées dans l'industrie pharmaceutique comme révélateur, par le biais de la création de tests bactériologiques permettant de repérer les endotoxines (des molécules complexes qui forment la paroi de certaines bactéries). Et il n'existe pas d'alternative à cette substance ! Peu de personnes savent que son sang a notamment été massivement utilisé en 2020 dans le processus de création du vaccin contre le Covid-19, dans le cadre du contrôle qualité et sécurité. Le sang est prélevé sur l'animal vivant au niveau du cœur, à raison d'un maximum de 30 %. Puis la limule est marquée (afin de ne pas subir de second prélèvement) et relâchée.
La limule est parfois surnommée « or bleu ». Son sang pèse en effet des milliards de dollars dans le domaine biomédical. En 2016, un litre était estimé à environ 11 000 euros. Une économie très juteuse, en somme.
Statut de préservation
Si la limule a traversé les âges, notre époque moderne et ses particularités font peser une lourde menace sur elle. Elle est pêchée notamment pour des prélèvements sanguins. Ce sont au minimum 500 000 limules qui sont prélevées à cette fin chaque année. Or, même si elles sont réintroduites dans leur milieu naturel après la ponction, au moins 30 % d'entre elles meurent, d'affaiblissement ou d'infection, c'est-à-dire d'une cause directement liée à cette pratique. La population de Limulus polyphermus a donc considérablement baissé au cours des dernières décennies.
Heureusement, il est de plus en plus procédé à sa reproduction artificielle pour continuer à effectuer des prélèvements sanguins. Un succédané de synthèse a également été mis au point, mais son utilisation a été retardée, notamment en raison de problèmes liés au brevet.
La limule est en danger en raison d'autres pratiques. En effet, les habitants de certains pays asiatiques en sont friands, notamment au Vietnam, où elle est surnommée "le crabe des amoureux", en raison de l'attachement du mâle à la femelle lors de la saison des amours.
Aux États-Unis, elle est utilisée comme appât pour la pêche à l'anguille. Et à la surpêche s'ajoute la destruction ou la modification de son habitat, que ce soit en raison des changements climatiques et de la montée des eaux, ou de l'intervention humaine.
Ainsi, les quatre espèces de limules sont considérées comme étant en danger par l'Union internationale de la conservation de la nature (UICN). Elles sont classées "en voie de disparition" en Asie et "vulnérables" aux États-Unis.
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