Pourquoi les mangas se lisent à l'envers ?

Les bandes dessinées occidentales, que ce soit le dernier album de Tintin ou les comics relatant les aventures des super-héros Marvel, se lisent tous de gauche à droite. Cela explique pourquoi la première fois qu’on essaie de lire un manga, on est complètement dérouté, car le sens se fait, cette fois-ci, de droite à gauche. Une orientation peu orthodoxe pour nous, mais naturelle pour les Japonais, car elle remonte aux origines de leur écriture.
Aux origines de l'écriture japonaise
L’écriture japonaise emprunte beaucoup à l’écriture chinoise qui, en quelque sorte, est à la base de son système. Elle a été apportée sur l’archipel nippon par des moines bouddhistes et a été adaptée aux spécificités de la langue japonaise. Cela a d’ailleurs donné les kanjis, que l’on connaît encore aujourd’hui, et qui sont l’une des trois façons d’écrire en japonais.
À l’origine, et jusqu’à tout récemment, le chinois s’écrivait et se lisait de façon verticale, de haut en bas, et surtout de droite à gauche. L’écriture japonaise a ainsi tout naturellement hérité de cette particularité.
Les premiers parchemins japonais assimilables à des livres apparaissent vers le 8e siècle : les emakimono, des rouleaux narratifs peints et illustrés. Ce sont, en quelque sorte, les ancêtres des mangas. Pour les lire, on déroulait le rouleau vers la gauche d’une main tandis que de l’autre, on le refermait du côté droit au fil de la lecture.
Des estampes aux mangas : une culture conservée
Plus tard, ce sens de lecture a été conservé avec l’arrivée des estampes japonaises, les ukiyo-e. Le plus souvent, elles représentent de magnifiques images gravées sur bois ou peintes sur du papier de soie. Parfois aussi, elles racontent des mythes, des récits historiques ou même des scènes de la vie quotidienne.
Lorsque le premier manga, dans le sens général de “livre imagé et imprimé”, vit le jour en 1902, la lecture de droite à gauche fut gardée. Il en fut de même lorsque, empreint de l’influence des œuvres de Walt Disney, le premier manga narratif sortit en 1947.
Lorsque les mangas ont commencé à être commercialisés en Occident, on a bien sûr pensé à les inverser pour les adapter à la lecture occidentale. Ce procédé n’était toutefois pas sans poser problème, notamment de rythme et de fluidité. Dans un manga, les cases, les bulles ainsi que les onomatopées sont conçues pour amener de l’action, du mouvement ou de la surprise dans une progression allant de droite à gauche. Inverser ce flux peut ainsi altérer la narration visuelle, ainsi que la perception des déplacements ou des dialogues.
Finalement, la majorité des éditeurs décidèrent de garder le format original de lecture afin de respecter l’intention artistique et ainsi préserver l’expérience voulue par les auteurs.











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