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Un journal intime remis à la famille de son auteur, 80 ans plus tard
Imaginez la surprise de Sylvie, une Alsacienne habitant Oberhoffen-sur-Moder dans le Bas-Rhin, en découvrant un petit carnet glissé au fond du sac à main qu'elle avait acheté plusieurs années auparavant chez Emmaüs, lors d'emplettes en compagnie de sa mère. En voulant s'en servir, elle a retrouvé cet objet, qui se trouvait en réalité être un journal intime, écrit par une certaine Alice en 1948.
Attendant chez sa nouvelle propriétaire depuis au moins cinq ans (date de l'achat) dans ce sac sans avoir été repéré, l'agenda en papier se trouvait dans une petite poche, échappant ainsi à la vigilance de la dame. Sa trouvaille en main, elle l'a feuilleté, s'apercevant très vite qu'il ne s'agissait pas d'un simple agenda, mais d'un véritable journal intime, rédigé au crayon avec soin. Au fil de sa lecture, elle est parvenue à relever des indices dévoilant peu à peu l'identité de l'auteure, Alice Lévy, née Kuhn, résidant alors à Strasbourg.
Sylvie pénètre progressivement dans le quotidien de cette jeune trentenaire, entre sorties au cinéma, bal de charité et liste de cadeaux de Noël. Elle relève également une liste de dates de naissance sur l'une des pages initiales ainsi que la récurrence du prénom "Jean". Cela lui fait imaginer que ce dernier pourrait être le mari. Se mettant à la place de la famille de l'auteure du petit carnet, Sylvie a pris la décision de tenter de retrouver la trace d'Alice, ou de ses descendants.
C'est ainsi que, début février 2025, elle fait part de cette découverte sur les réseaux sociaux, mobilisant ses connaissances pour essayer de remonter jusqu'à la famille Lévy. Et elle n'en revient toujours pas ! Comme une traînée de poudre, sa publication a été partagée plus de 30 000 fois. « Une véritable chaîne humaine », selon ses termes.
De fil en aiguille, l'histoire d'une famille des années 50 se dévoile alors peu à peu à son regard : l'époux d'Alice était médecin-chef et travaillait à l'ancien hôpital civil d'Haguenau. Elle en déduit que le journal a été commencé à Strasbourg et qu'un déménagement a eu lieu au cours de l'année. Elle apprend par ailleurs qu'Alice a tenu une bijouterie dans le centre-ville d'Haguenau.
Un tournant décisif a été pris lorsque l'un de ses amis, travaillant en mairie, lui a fourni l'acte de décès d'Alice. Elle a ainsi appris que celle-ci avait poussé son dernier soupir le 7 août 2010, à l'âge de 92 ans. Restait alors à retrouver ses descendants. Grâce à la visibilité acquise par le biais des réseaux sociaux et de la presse locale, le petit-fils d'Alice a eu vent de l'histoire et s'est manifesté. Une rencontre a ainsi pu avoir lieu entre Sylvie et lui.
C'est devant un café que le précieux « petit trésor » a été remis au petit-fils heureux et ému, nous l'imaginons aisément. Sylvie a appris dans la foulée que la mère de l'homme qu'elle avait face à elle était la seule enfant d'Alice, et que c'est à elle qu'il destinait le journal intime. Gageons que ce cadeau fut reçu avec une immense émotion.
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