Qu'est-ce qu'un procès d'intention ?

À l’origine, le procès d’intention est un principe philosophique qui consiste à disgracier une personne en lui attribuant d’emblée des objectifs condamnables, des désirs inavouables ou encore d’infâmes desseins. Bref, d’être mauvais. Ainsi, un procès d’intention consiste à discréditer quelqu’un bien avant qu’il n’effectue une quelconque action comme se défendre ou même parler. Le plus souvent d’ailleurs, un procès d’intention survient alors même que l’accusateur (celui qui élabore le procès d’intention) ne connaît pas l’accusé (celui qui en est la cible).

Dans la vie de tous les jours, le sens du procès d’intention ne s’éloigne pas trop de cette définition, sauf peut-être dans le fait qu’il juge et condamne en même temps. Faire un procès d’intention à quelqu’un signifie ainsi non seulement l’accuser d’avoir des arrière-pensées, mais aussi le condamner immédiatement en l’étiquetant comme dangereux, nuisible, incompétent, etc.

Pour résumer, on peut dire qu’un procès d’intention consiste à juger non pas sur la base d’actes ou de preuves réelles, mais sur celle d’accusations sans fondement ou de faits invérifiables.

Voici un exemple pour mieux comprendre. Imaginons une ville normale, ni spécialement tranquille, ni particulièrement peu sûre. Soudain, le nombre de braquages, de vols à l’arrachée et d’autres méfaits augmentent drastiquement. Fait troublant, cela coïncide avec l’arrivée massive de migrants étrangers. Un observateur serait alors tenté de dire : "Les migrants sont la cause de l’explosion de la criminalité dans notre ville”. En disant cela, il fait un procès d’intention aux migrants puisque, jusqu’à preuve du contraire (des statistiques sur les auteurs des délits, par exemple), rien ne peut prouver son allégation.